Collaboration des syndicats: mais jusqu’où iront ils ?

Nucléaire : le scandale des déchets enfouis sous nos pieds

(Du Touquet) L’ingénieur promène son compteur Geiger sur le parking du stade de Gueugnon. La machine pousse son cri strident, qui va crescendo : les tribunes et le parking sont situés sur des déchets radioactifs de l’ancienne usine de la Cogema. La moitié des régions françaises abritent ainsi 300 millions de tonnes de résidus nucléaires.

Lauréat du prix spécial du jury au Figra, le film « Mines d’uranium : le scandale de la France contaminée » est de ceux qui font peur. Peur quand les journalistes qui l’ont réalisé, Emmanuel Amara et Romain Icard, marchent avec des citoyens engagés contre ce scandale qui leur disent ne pas vouloir rester trop longtemps dans un pré ou un bois par crainte d’être contaminés.

Peur encore quand on voit que les supporters de Gueugnon, et une bonne partie des habitants de cette ville bourguignonne, ont pu être irradiés en assistant à des matchs de foot ou en faisant leur footing, puisqu’un parcours de santé avait aussi été créé sur les 30 000 tonnes de déchets nucléaires enfouis…

Au total, l’usine de la Cogema (aujourd’hui Areva) de Gueugnon a planqué ainsi 220 000 tonnes de déchets avant sa fermeture, en 1980. A deux pas du centre-ville. Des dizaines de cas similaires existent en France, où 210 sites ont été exploités. La plupart du temps, ces résidus sont des « stériles » (déchets radioactifs, mais modérément).

Mais dans le film d’Amara et Icard, un ingénieur de la Criirad, le seul laboratoire indépendant de mesure de la radioactivité, découvre du yellowcake (concentré d’uranium) sur le parking d’un club de ski de fond…

Les journalistes nous emmènent aussi à Saint-Pierre (Cantal), village entièrement construit sur un site d’enfouissement. Et dans un coin de la Loire où la Cogema vendait à vil prix du remblai aux habitants, ravis de l’aubaine. Aujourd’hui, ils déchantent : on s’aperçoit que même des maisons sont radioactives.

A Limoges, une partie des habitants boivent de l’eau contaminée. C’est la grande ville française la plus touchée, puisque le Limousin concentrait le plus grand nombre de mines.

L’enquête édifiante d’Amara et Icard pose beaucoup de questions. Elle a suscité quelques réponses au moment de sa diffusion dans l’émission de France 3 « Pièces à conviction », en février 2009 : tentative de censure de la part d’Areva, procès de la ville de Limoges, et engagement solennel du ministre Borloo (non respecté).

Tant que les ingénieurs de la Criirad et les citoyens engagés n’auront pas fini leur travail de fourmi, on aura du mal à connaître la réalité de la contamination en France : tel qu’il est actuellement organisé, le contrôle de la radioactivité n’est pas indépendant d’Areva. Notamment parce que les ingénieurs qui l’effectuent sont presque tous issus du corps des Mines, comme les dirigeants du groupe nucléaire.

source et vidéo  illustratives sur rue89.

Journal: sortie du numéro 3 de « Hors Service »

« La liberté ne se donne pas, elle se prend »

Edito

« Il y a ceux qui attendent la pluie pour ne pas pleurer tous seuls, moi, je ne suis pas du même avis. » Ainsi chantait quelqu’un il y a trente ans. Et c’est vrai, il y a tellement de raisons de verser des larmes jusqu’à ce qu’il ne reste plus aucune goutte d’eau dans notre corps. Mais les lamentations et le désespoir sont des mauvais conseillers. Ils nous jettent dans les ténèbres de la résignation ; ils creusent le fossé entre ce qui nous dégoûte et nos capacités de s’y attaquer. C’est ce fossé qui fait que trop de travailleurs acceptent de se laisser utiliser et d’être jeté de bon gré par le patron ; que trop de femmes continuent à respecter leurs maris qui les mettent sous leur joug ; que trop de pauvres restent docilement à faire la queue en attendant qu’une vie meilleure tombe du ciel.

Mais, en effet, tous le savent. Ils essayent peut-être de le nier, d’évacuer la question, mais dans leur cœur, ils le savent. Ça ne dépend que de nous-mêmes, de notre volonté d’agir. De notre choix de ne plus se laisser faire, de riposter, d’attaquer la machine infernale qui nous broie. Les occasions ne manquent pas, l’ennemi est identifiable et pas invulnérable. Ceci est une des sources motivantes de ce petit journal. Partir à la recherche de ces occasions. Souffler fort sur les feux de révolte qui couvent. Ouvrir l’espace pour discuter sur les possibilités de quelque chose de différent, d’une vie sans oppression et sans exploitation.

Dans ce numéro, nous parlerons notamment de quelques unes de ces occasions : le saccage répété des nouveaux portiques installés dans les métros, la lutte contre la construction d’un nouveau centre fermé pour clandestins à Steenokkerzeel, la révolte qui couve à la prison louée par l’Etat belge aux Pays-Bas ou encore de l’occasion pour attaquer ceux qui viendront prêcher à Bruxelles l’oppression de la femme et l’étranglement de la liberté. Et, comme les frontières sont une construction des puissants pour séparer ceux qui veulent les combattre, nous parlerons aussi de l’occupation militaire de l’Haïti après le tremblement de terre et de l’assassinat par la police grecque du compagnon anarchiste Lambros Fountas.

Vous voulez savoir comment continue la chanson ? « Je vais débusquer les ennemis, qui pour vous sont si distants. Et après les avoir fait sautés, je deviendrai recherché, mais tant que c’est moi qui les cherche, les fuyards, ce sont eux. J’ai choisi une autre école, je suis dynamiteur. »

Le site du journal sur journalhorsservice.blogspot.com.

Belgique: A propos de Dirk et de John Bontinck, mais aussi de tant d’autres choses…

Le 18 février dernier, des centaines d’exemplaires de ce texte ont été distribués dans les boîtes aux lettres de Sint-Denijs-Westrem. C’est là qu’habite (dans une grande villa bien sûr) un des architectes (Dirk Bontinck) qui a dessiné les plans du nouveau centre fermé de Steenokkerzeel.

Salut, votre voisin dessine des cages pour sans-papiers

Ce courrier purement informatif concerne le sieur Dirk Bontinck (résidant Pleispark 3, à Sint-Denijs-Westrem) et son frère John Bontinck. Mine de rien, ces deux architectes ont choisi de dessiner les plans de construction du nouveau centre fermé pour sans-papiers de Steenokkerzeel. Et vu que ce centre fermé nous pose problème, comme d’ailleurs toutes les autres prisons, ce choix qui leur procure en plus un beau paquet de fric nous pose également problème.

Nommez « calomnie » ce qui suit si vous le voulez, mais en sachant au moins pourquoi ! Car ce sont bel et bien des salauds…
Avec cette maudite arrogance quand ils décident de vies humaines du haut de leur bureau. Avec ce calme glacial quand ils étudient, engoncés dans leurs fauteuils de cuir de leur bureau bien chauffé, comment la prison devra se montrer la plus efficace possible. Comment, d’un point de vue technique, des gens pourront être isolés de la meilleure manière, comment ils pourront être piégés, comment ils pourront être brisés.

Tout près de l’aéroport de Zaventem poussent actuellement les structures en béton de ce qui devrait bientôt devenir un nouveau centre fermé. Une fois que la dernière pierre sera posée, le bâtiment se distinguera difficilement d’une prison. Des cellules individuelles, des barreaux et des barbelés pour enfermer et isoler des sans-papiers, ceux qui sont en instance de déportation et osent résister avec obstination. Ou plus simplement pour briser ceux qui résistent au quotidien en se révoltant, posant ainsi problème au bon fonctionnement de l’enfermement et des déportations.

Comme pour les autres centres ouverts et fermés, le gouvernement aurait besoin de ce nouveau lieu pour continuer sa politique d’immigration ? Mais vous savez quoi ? Ce n’est pas cette politique d’immigration qui constitue le problème. Ou du moins, pas en soi. Car il est logique qu’une société qui poursuit sans cesse le rêve capitaliste jette dehors les indésirables. Comme il est logique que dans une société où notre avenir n’est pensable qu’à l’intérieur des grillages forcés du travail, de la carrière, de la famille et de tout le bazar, les prisons poussent comme des champignons. Contre tous ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas avancer au rythme de cette normalité, même en traînant les pieds.
Le problème, c’est donc cette société. Et nous, nous posons problème à cette société.
Situation périlleuse.

Oui, nos rêves vont dans une toute autre direction. Oui, nous voulons volontiers abandonner une grande partie du vieux monde derrière nous pour être enfin capables de parler de liberté. Et nous ne sommes pas en train de parler de cette « liberté » que vous promettent les publicités pour pousser à la vente de canettes de soda ou de portables. Non, nous parlons d’un saut dans l’inconnu, un saut où le contrôle sur nos vies ne dépendra que de nous-mêmes. Un saut qui, sur le fond, vise à éliminer toute forme d’oppression.

Alors oui, vous pouvez nous traiter de rêveurs idéalistes, de bons à rien naïfs ou de flatteurs flous. La vérité, c’est que nos rêves nous font directement entrer en conflit avec une société où on pense que c’est bien que des gens soient exploités et enfermés ; en conflit aussi avec tous ceux qui choisissent d’apporter leur pierre à l’édifice.
Et nous sommes prêts pour ce conflit.

Cela nous ramène finalement au prétexte initial de ce tract. Cela nous ramène au nouveau centre fermé. Car devinez qui a dessiné les plans de cette prison ? Oui oui ! C’est votre voisin Dirk et son frère John Bontinck.

Mais qu’est-ce que nous voulons dire en précisant cela ? Que nous devrions tous les exécuter publiquement, sous les huées et le plus vite possible, en place publique ? En vrai, faites surtout ce dont vous avez envie ! Car là n’est pas l’objet de ce tract. La question, c’est que rien de ce que observons autour de nous ne tombe du ciel. Que des gens font des choix. Comme par exemple celui de construire des prisons, celui de mener des gens à la baguette, au boulot comme à la maison, ou encore celui de ne pas faire de choix du tout, et de se cacher derrière ce refus pour ne pas avoir à penser, pour ne pas agir à contre-courant. Les frères Bontinck ont fait le choix d’aider à ce que ces nouvelles geôles existent là-bas, à Zaventem. Voilà pourquoi ce sont des salauds. Car ça, c’est un choix qui en dit long : il confirme qu’ils se foutent de la misère des gens et que oui, c’est possible bordel !, ils veulent en plus se faire du fric avec cette misère. De notre côté, nous faisons par exemple le choix de leur en vouloir tout particulièrement.

Nous souhaitons qu’à l’avenir, les frères Bontinck dorment aussi tranquillement que les gens qui sont enfermés dans leurs bâtiments…

Dirk Bontinck: chef d’entreprise
Pleispark 3, 9051 Sint-Denijs-Westrem
Tel: 09/222 01 03
dirk.bontinck@cytec.com

John Bontinck: chef d’entreprise
john@bontinck.biz

Bontinck cbva
Chaussée de Courtrai 1092
B-9051 Sint-Denijs-Westrem
Tel: 09/225 01 74
Fax: 09/225 64 14

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